Genèse de la ville de Mutsamudu

 

 

Mutsamudu, ville-cité historique et culturelle d’Anjouan.

 

Située dans la baie nord-est, elle est fondée vers 1482 sous Halima I, Sultane d’Anjouan.

Originairement, avant l’installation de familles musulmanes, la localité était dénommée « DAMBWE ». Les premières peuplades venues de l’Afrique de l’Est l’appelaient ainsi en référence à leur localité d’origine, située sur la côte Est-Africaine.

Feu Dr. Ahmed ZAIDOU a recherché et trouvé cette localité dénommée « DAMBWE », qui existe toujours sur la côte Est-Africaine.

Quant au nouveau nom de la ville, Mutsamudu, il vient de « Musa Mudu », Moïse le Noir ou MUSA le Noir. Cet ancêtre Musa était un descendant des Makuas. Le shi-makua (aussi écrit macua, makuwa, makoua, makoa…) est une langue bantoue et un ensemble de langues parlées au Mozambique, en Tanzanie, au Malawi et en République du Congo. Plus de 6 millions de personnes parlent un de ces dialectes.

Ces Makuas sont venus du Mozambique (de la région de Dargube ?). Les Portugais les avaient installés dans cette localité appelée initialement « DAMBWE ».

Ces Mozambicains (Makuas de l’ethnie bantoue) travaillaient pour le ravitaillement en vivres et en eau potable des navires portugais au cours de leurs escales en ce lieu. Ils séchaient la viande du bétail qu’ils abattaient et les poissons qu’ils pêchaient. L’eau fraîche et douce de la rivière était remplie et stockée dans des barriques. Le tout était livré aux marins portugais de passage.

Ces Makuas avaient été employés par les Portugais dans la construction de leur comptoir dénommé « FORTALEZA » à Habomo, un comptoir qui est devenu plus tard la prison du sultanat.

Le Prince Hussein ou Sultan Salim II ibn Sultan Alawi 1er et son petit-frère Anli étaient tous deux emprisonnés à Fortaleza par leur neveu Alawi ibn Sultan Abdallah II, également appelé Alawi Mtiti.

Les Français ont finalement démoli ce comptoir portugais de Fortaleza pour élargir ou installer le cimetière chrétien.

En effet, ces Africains venus du Mozambique étaient aussi bouviers et faisaient paître leurs bétails dans la prairie au bord de la rivière et de la mer. Ils avaient installé ou construit des bocages sur la plaine côtière alors que leur village se situait plutôt sur le plateau de Hombo, précisément au lieu-dit Dindrihari.

Plus tard, le Sultan Abdallah 1er Al Masela les installera (peut-être une partie) à Hapandre pour être près de leur lieu de travail : la construction de la citadelle et le renforcement de la muraille de Mutsamudu. Et plus tard encore, son petit-fils, le Sultan Salim II Al Madwa, les installera à son tour, à l’intérieur de la ville et derrière la muraille, dans le quartier Hampaga qui était spacieux et presque vide de bâtis. Certains parmi eux (ces mozambicains) préférèrent aller s’installer à Miro-Ntsy, Mirontsy.

Musa-Mudu était descendant de ces makuas-bantous que les Portugais avaient emmenés du Mozambique. Il est né, a grandi et mourut dans cette même localité dit Dambwe devenue Mutsamudu.

Baptisé Musa, certains nobles décidèrent de lui attribuer l’adjectif noir en complément de son nom afin de le distinguer des autres Musa qui, eux, étaient plutôt de peau claire.

Musa-Mudu avait son bocage au lieu-dit Nyombeni dans Hamumbu. Nyombeni est à deux cent mètres de la mosquée Mkiri wa Djimwa.

Musa-Mudu a été converti en islam par des gens venus de Domoni, possiblement, de la famille de Binti Ankil, première famille domonienne à s’y installer et ayant construit leur maison en dur. Cette famille de Binti Ankil s’était installée à la maison dite Roshani non loin de la mosquée et du minaret qu’elle construira.

Musa-Mudu avait participé à la construction du minaret de la Mosquée Mkiri wa Djimwa.

Musa-Mudu mourut en chutant du minaret alors qu’il venait d’installer la pointe au sommet.

Musa-Mudu fut inhumé au pied du minaret. Sa tombe existerait encore dans la chambre au rez-de-chaussée, au pied du minaret. Sa tombe est mythifiée pour les adolescents de la ville.

Au fur et à mesure du développement de la ville, des quartiers se formèrent et portèrent des dénominations spécifiques soit en prenant le nom d’une particularité du lieu telle une source d’eau déjà existante soit des activités exercées en ce lieu ou celles de ses occupants etc….Les mosquées se sont multipliées au fur de l’augmentation des musulmans locaux et ceux venus d’ailleurs ainsi que du fait du développement démographique de la ville …

L’administration du site-web du Musée 

 

 

 

Ci-dessous l’évolution de la ville selon l’écrit de RABOUBA JR BEN ALI :

https://www.facebook.com/raboubajrbenali

 

Au fil des ans, la ville a vu sa population augmenter et s’est divisé en trois quartiers : Mjihari, Hapanga, Hamumbu.

Mjihari est le quartier où vivait Musa Mudu ; c’est aussi le siège des pêcheurs. Centre-ville, c’est aussi le quartier des quaba-ila (El-Madua). Ces sous-quartiers existent jusqu’à nos jours. Il s’agit de Hakunuju (lieu des buissons), Mkiri wa ngizi, construit par les Perses, et enfin mkiri wa jumwa.

Hapanga a aussi été célèbre. Quartier des sabres (militaires ?) alors que certains l’attribuent à un esclave. Quartier des esclaves. Ce qui renvoie pour certains aux gardiens de la citadelle. C’était le quartier des agriculteurs en même temps d’où partait la source d’eau. On a le lieu-dit Bwe lamaji, Bahani, Darajaju (sur le pont), Sheshele, Saravwange et Bandramaji.

Hamumbu est le quartier des étrangers : Arabes, Européens, et ceux venus des autres villes et villages des régions de l’île. Comme c’était la forêt, il y avait beaucoup de moustiques (mumbu). Ces sous-quartiers sont Mkiri wajumwa, Kardilène, Gerezani, Shaweni, Bambajoni, et Mkiri washoni.

Dans ces trois principaux quartiers, les mosquées étaient les lieux sociaux de regroupement où les gens se fréquentaient. Mais Dardanali et Ujumbe étaient les centres d’acceuil des membres de la cour du roi.

D’autres quartiers ont été fondés un peu plus tard : Habomo, quartier des tambours. On l’attribue également à un esclave. D’où quartiers des esclaves. Vient ensuite le quartier Gongwamwe, Misiri (quartier des musulmans, nom dérivé de misri Egypte) et enfin Hombo.

Les Européens, en particulier les Portugais, se sont lancés dans l’océan Indien en doublant le Cap de Bonne Espérance et se sont retrouvés à Anjouan. Ils ont construit les escaliers reliant Mdjihari à la citadelle, construite pour surveiller les bâteaux arabes. C’est une ville portuaire qui a développé le commerce et favorisé le métissage. Cette suprématie, à partir du XVIe siècle, a donné naissance à une société aristocratique puissante qui a favorisé l’installation des Chiraziens, placés sous l’autorité des beja. Ce commerce actif a donné naissance aux miji (villes) ya mtsangani (côtière) et miji ya matsha (ville de campagne).

Depuis le XVIIIe siècle, la ville est la capitale économique d’Anjouan grâce à son port remarquable. Ce rôle, la ville de Mutsamudu le joue encore aujourd’hui. » fin.

 

    

         

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Quelques passages du début :

Mutsamudu : « Chaude et possessive comme une mère qui vous tient par le bras de ses ruelles étroites et ne veut plus vous lâcher. Chaque ruelle vous conduisait vers un adulte, un oncle, une connaissance et vous donnait l’impression que la solitude ne pouvait exister ». P9

« Mais ce que Malik préférait pardessus tout, c’était Mutsamudu de la nuit. D’abord au crépuscule quand les narines étaient visitées par des fumées qui sortaient de tous les foyers de bois et promenaient des senteurs suaves, douces ou épicées à travers les ruelles. Ici, c’était le fumet d’un mataba 8 qui exhalait son coco envoûtant, là le chant des oignons au curcuma, cumin et autres épices et là-bas le « rôti anjouanais » 9 qui finissait de vous liquéfier ».

« Et puis venait la nuit comme un voile mystérieux embaumé de corolles de jasmin, de fleurs et de plantes à parfums : c’était la sortie des belles de nuit, les Mutsamudiennes qui, après avoir passé la journée dans leur maison à s’occuper de tout, se libéraient pour prendre l’air, dans un froufrou de Shiromanis 10 et de joyeux babillements ». P12-13

« Par une petite fenêtre dans le mur, derrière le balcon, le célèbre M Tom Tom, le projectionniste lançait une gerbe de lumière qui s’aplatissait sur un écran peint sur le mur opposé pour créer la magie des images parlantes. Du plafond, tombaient quelques lampes nues autour desquelles voletait une nuée d’insectes.

Malik avait le regard et l’esprit suspendus à ces lampes car longtemps il s’était imaginé que c’étaient les insectes tournoyant autour des ampoules qui les éteignaient et marquaient ainsi le début du film. D’ailleurs, avant de s’éteindre définitivement, elles se mettaient à clignoter comme pour donner un signal.

Les films les plus prisés étaient les Tarzan, les Eddy Constantine, les Westerns, tous les films d’action et de bagarres que la basse-cour suivait à grands cris de « Inwa, inwa » 6 « Allez-allez »
Souvent, les spectateurs essayaient d’aider l’acteur principal en l’interpellant à haute voix et l’exhortant à regarder par derrière ou sur le côté où étaient tapis ses ennemis. » P22

Des lieux inoubliables, des personnages pittoresques, des croyances, des traditions des anecdotes, une atmosphère, des parfums… pour permettre à chaque parent d’évoquer avec ses enfants et petits enfants le souvenir d’un lieu extraordinaire et merveilleux et qui pourraient peut être les aider à renouer les liens avec le pays. Car on sait que « l’origine d’un homme, ce sont ces racines enfouies au profond de son être et qui en font sa solidité et son rayonnement. »

Vous pouvez vous procurer cet ouvrage
en le commandant sur EBAY https://www.ebay.fr
sur le site de l’éditeur http://www.editionsthierrysajat.com ou à l’adresse mail thierrysajat.editeur@orange.fr (coût de l’ouvrage 15 euros+ 4 euros frais d’envoi)
Vous pouvez également me joindre pour toute question sur mon messenger Kamaroudine ABDALLAH PAUNE ou par mail au kapaune1@gmail.com
Avec mes remerciements cordiaux.

Sultan Alawi II ibn Sultan Abdallah II ibn Sltan Alawi 1er d’Anjouan – dit Alawi Mtiti

Qatar National Library Digital Repository NOTA BENE : La photo portrait est bien celle du Sultan Alawi II dit Alawi Mtiti mais, le texte résume des péripéties d’un de ses fils, Abdullah. Portrait en studio d‘Abdullah Bin Alawi, également connu sous le nom de Prince Abudin, fils d‘un Sultan déchu de l‘île de Nzwani, dans l‘archipel des Comores, qui avait une fois représenté son père en

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