Femmes héroïnes d’Ikoni à Ngazidja – Femmes héroïnes de Mutsamudu et de Domoni à Ndzuwani

Images : La falaise d’Ikoni à Ngazidja et Mutsamudu à Ndzuwani

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Said Bakar Mougné M’kou

 

Il y a les femmes héroïnes d’Ikoni à Ngazidja que tout le monde connaît. Et les femmes héroïnes de Mutsamudu et de Domoni à Ndzuwani que tout le monde ignore. C’est vrai que tout le monde a déjà entendu parler de la célèbre tradition orale sur les femmes d’Ikoni se jetèrent dans le vide du haut de la falaise ( Ngou ya Ikoni), pour échapper aux Malgaches.

De 1794 à 1814, deux tribus malgaches vont lancer des razzias qui ont commis des massacres dans les quatre îles des Comores.

Le sultan de Bambao à Ngazidja de l’époque, Sudjauma Inkabwa, 19eme sultan de Bambao d’après la liste de Abdoul Ghafour Djumbe Fumu, fut ramené en haut de la falaise avec les femmes pour être en sécurité. En 1805, les Malgaches attaquent Ikoni, où le rempart (Ngome) fut construit sur la falaise d’Ikoni (Ngu ya Ikoni) plutôt que d’entourer la ville. Les Malgaches sont plus au moins repoussés, le sultan est tué et les femmes préfèrent se jetter dans le vide de haut du  Ngome pour échapper à l’esclavage.

Cet acte courageux des femmes d’Ikoni est comparable à celui des femmes Anjouanaises de Mutsamudu et Domoni. Jean Martin rapporte dans son 1er tome que deux cents femmes de Mutsamudu, qui s’étaient enfermées dans l’arsenal du sultan et elles s’étaient à deux doigts de tomber aux mains des Malgaches, préfèrent le suicide collectif en sautant la poudrière.

A Domoni, ce furent trois cents femmes qui ont mis le feu à la poudre qui fit sauter le bâtiment dans lequel elles avaient trouvé refuge.

Leguevel-Lacombe qui rapporta ce témoignage en 1822 sur le suicide des femmes de Domoni, n’a pas pu faire le lien avec la réaction des habitants de Ngazidja par rapport aux razzias malgaches, lorsqu’il écrit que les habitants de l’île de Ngazidja « avaient des coutumes très sauvages et tuaient tous ceux qui tombaient sous leur contrôle, ou les prenaient comme esclaves. »

C’est dans ces destructions considérables de l’archipel de guerriers malgaches, montant sur de grosses pirogues, que des cas de résistance parfois héroïques et parfois même efficaces se distinguaient. A Mutsamudu Anjouan, lors de l’assaut malgache de 1803, le nommé Said Omar, fils de sultan Abdallah 1er repoussa bravement les Malgaches jusqu’au rivage. Beaucoup des Malgaches ont été tués par sa main sur la plage de Mutsamudu.

A Ikoni, le célèbre Kari Bangwe, que les Malgaches surnommèrent « Samboravelo » (c-t-d Attrapez-le vivant) tua, à lui seul, 38 guerriers malgaches. Sa fille Fatima Kari Bangwe faisait partie des captifs.

Said Omar ben Sultan Abdallah 1re est le Kari Bangwe de Ndzuwani, il est le héros qui a échappé à la mort, là où le Kari Bangwe d’Ikoni, héros de Ngazidja, a été tué.

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Sources : Jean Martin, Leguevel-Lacombe, Études Océan Indien n°53-54, Djahazi 02.

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Un ouvrage sur la médina de Mutsamudu : Malik, enfant de la médina…

Un récit qui vous ouvre les portes de la médina de Mutsamudu, en compagnie d’un de ses enfants Malik.
Un ouvrage dédié « à tous les enfants et petits enfants qui ont comme origine cette médina de Mutsamudu, mais qui n’ont malheureusement pas eu la chance de la connaître autrement que par ce qu’ont pu leur communiquer leurs parents et les échos lointains qui sont arrivés à leurs oreilles sans qu’ils aient pu en connaître les parfums, ni la chaleur de son étreinte ni son incommensurable amour pour les siens ».

Quelques passages du début :

Mutsamudu : « Chaude et possessive comme une mère qui vous tient par le bras de ses ruelles étroites et ne veut plus vous lâcher. Chaque ruelle vous conduisait vers un adulte, un oncle, une connaissance et vous donnait l’impression que la solitude ne pouvait exister ». P9

« Mais ce que Malik préférait pardessus tout, c’était Mutsamudu de la nuit. D’abord au crépuscule quand les narines étaient visitées par des fumées qui sortaient de tous les foyers de bois et promenaient des senteurs suaves, douces ou épicées à travers les ruelles. Ici, c’était le fumet d’un mataba 8 qui exhalait son coco envoûtant, là le chant des oignons au curcuma, cumin et autres épices et là-bas le « rôti anjouanais » 9 qui finissait de vous liquéfier ».

« Et puis venait la nuit comme un voile mystérieux embaumé de corolles de jasmin, de fleurs et de plantes à parfums : c’était la sortie des belles de nuit, les Mutsamudiennes qui, après avoir passé la journée dans leur maison à s’occuper de tout, se libéraient pour prendre l’air, dans un froufrou de Shiromanis 10 et de joyeux babillements ». P12-13

« Par une petite fenêtre dans le mur, derrière le balcon, le célèbre M Tom Tom, le projectionniste lançait une gerbe de lumière qui s’aplatissait sur un écran peint sur le mur opposé pour créer la magie des images parlantes. Du plafond, tombaient quelques lampes nues autour desquelles voletait une nuée d’insectes.

Malik avait le regard et l’esprit suspendus à ces lampes car longtemps il s’était imaginé que c’étaient les insectes tournoyant autour des ampoules qui les éteignaient et marquaient ainsi le début du film. D’ailleurs, avant de s’éteindre définitivement, elles se mettaient à clignoter comme pour donner un signal.

Les films les plus prisés étaient les Tarzan, les Eddy Constantine, les Westerns, tous les films d’action et de bagarres que la basse-cour suivait à grands cris de « Inwa, inwa » 6 « Allez-allez »
Souvent, les spectateurs essayaient d’aider l’acteur principal en l’interpellant à haute voix et l’exhortant à regarder par derrière ou sur le côté où étaient tapis ses ennemis. » P22

Des lieux inoubliables, des personnages pittoresques, des croyances, des traditions des anecdotes, une atmosphère, des parfums… pour permettre à chaque parent d’évoquer avec ses enfants et petits enfants le souvenir d’un lieu extraordinaire et merveilleux et qui pourraient peut être les aider à renouer les liens avec le pays. Car on sait que « l’origine d’un homme, ce sont ces racines enfouies au profond de son être et qui en font sa solidité et son rayonnement. »

Vous pouvez vous procurer cet ouvrage
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Vous pouvez également me joindre pour toute question sur mon messenger Kamaroudine ABDALLAH PAUNE ou par mail au kapaune1@gmail.com
Avec mes remerciements cordiaux.

Sultan Alawi II ibn Sultan Abdallah II ibn Sltan Alawi 1er d’Anjouan – dit Alawi Mtiti

Qatar National Library Digital Repository NOTA BENE : La photo portrait est bien celle du Sultan Alawi II dit Alawi Mtiti mais, le texte résume des péripéties d’un de ses fils, Abdullah. Portrait en studio d‘Abdullah Bin Alawi, également connu sous le nom de Prince Abudin, fils d‘un Sultan déchu de l‘île de Nzwani, dans l‘archipel des Comores, qui avait une fois représenté son père en

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